[Territori_energia_resistencia] no palm
Francois Schneider
Francois a degrowth.net
dic set 14 17:04:44 CEST 2011
devriem apoiar la lluita del collectivo "no Palm" contra una megarafineria en port-la nouvelle, a prop de Barcelona... ok a dalt de catalunya nord
seria una prod de 2 millions d'oli de palma per any, el mig de la quantitat importada ara pel la union europea. que penseu?
Francois
http://www.frituremag.info/actualites/sous-les-palmiers-la-rage.html
Aude - Contre l’huile de palme
Sous les palmiers, la rage
A Port-La-Nouvelle, le projet d’implantation d’une gigantesque usine d’importation et de traitement d’huile de palme en provenance d’Afrique de l’ouest sème la cacophonie chez les élus et rencontre une vive opposition. Reportage au coeur d’une lutte contre ce qui pourrait être le symbole des agro-carburants du futur et contre une nouvelle forme de mondialisation qui pille le sud et modifie les pratiques et agglomérations du bassin méditerranéen.
« Le premier coup de fil que j’ai passé depuis mercredi où j’ai été nommé premier vice-président (suite au décès de Georges Frêche, président de la région Languedoc-Roussillon) c’est pour rassurer le hollandais Vopak et le malaisien Unimills (groupe Sime Darby, NDLR) qui vont investir quelques 120 millions d’euros sur Port-la-Nouvelle, dans une usine clé en main de fabrication d’huile de palme. La région, leur ai-je dit, tiendra tous ses engagements, à travers une convention de quarante ans »
C’est par cette déclaration de Robert Navarro dans la gazette de Montpellier du 24/11/2010 que les Languedociens apprennent l’existence d’un grand projet de raffinerie d’huile de palme sur le littoral audois. S’agissait-il d’une gaffe ? Sans doute, car nous aurons toutes les peines à avoir connaissance du contenu des fameux engagements pris à l’époque épique de feu Georges Frèche (l’ensemble des élus au courant de ce dossier se refusant à en dire beaucoup plus). L’investissement de la région s’élèverait à 170 millions d’euros et serait créateur d’emplois : entre 80 et 90, selon une déclaration de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Narbonne, soit davantage que la plus grande usine existant actuellement, située en Australie. Par ailleurs, il s’agirait d’importer 2 millions de tonnes d’huile de palme par an, ce qui correspondrait à la moitié des importations actuelles de l’Union Européenne. Et, cerise sur le gâteau, le p
etit port audois se verrait gratifié de 350 camions supplémentaires par jour, ce qui multiplierait de façon inquiétante le trafic actuel.
Au coeur des zones Seveso
Nature et Progrès sera la première association à s’inquiéter du projet, suivie par la Confédération Paysanne : leurs communiqués de presse dénonceront l’installation à deux pas du centre-ville d’une nouvelle usine, sur un territoire extrêmement fragile écologiquement, à proximité de l’étang de Bages-Sigean, et dans le Parc Naturel Régional de la Narbonnaise mais aussi une critique de fond sur la politique de l’emploi à court terme dans une région marquée par un fort taux de chômage. Celle-ci ne favorise pas suffisamment la création d’emplois adaptés aux besoins spécifiques de la région, et ne semble pas prendre en compte les effets négatifs de l’industrialisation sur un territoire à vocation autant touristique que piscicole, ostréicole, agricole ou artisanale. Les petits pêcheurs se plaignent depuis longtemps des pollutions diverses dont ils sont victimes, pollutions causées par les entreprises déjà existantes dont huit (sur les onz
e que compte le département de l’Aude) sont classées Seveso. Leur représentant, Dominique Blanchard se désespère : « 21 procès, tous gagnés, contre les entreprises pollueuses, malgré cela les pollutions continuent car les peines sont insignifiantes et l’administration n’a pas les moyens d’assurer le respect de la législation ».
Naissance de No Palme
En mars 2011 un collectif régional est constitué à Narbonne avec les associations suivantes : Nature et Progrès , ATTAC, ECCLA, Païs Nostre, Confédération Paysanne, EELV, Parti de Gauche, Objectif Décroissance, Les Amis de la Terre, Sauvons la forêt , la LPO de l’AUDE , les écologistes de la narbonnaise et la prud’homie des pêcheurs qui se retirera par la suite, à la suite de pressions subies. S’y ajouteront par la suite le NPA du carcassonnais, la Cimade, la biocoop de Limoux, le PCF de Narbonne.
Bien nommé NO PALME, Nouvelles Orientations pour des Alternatives Locales et Méditerranéennes, ce collectif * s’intéressera immédiatement au versant international et européen de ce projet.
De Port la Nouvelle à Monrovia
Nous allons découvrir que l’opérateur Sime Darby n’est autre qu’une immense multinationale, la deuxième au monde pour l’huile de palme, avec déjà à son actif 500 000 hectares de plantations en Indonésie et en Malaisie. Malgré une communication très efficace qui tente de faire passer son agri-business pour une œuvre de développement social et écologique, nous découvrirons que cette société est responsable de déforestations et de pollutions massives entraînant la destruction des moyens de survie des populations locales. Grâce aux informations des Amis de la Terre, nous apprendrons que les certifications de qualité environnementale (RSPO) sont en fait insignifiantes et totalement insatisfaisantes, car détournées et montées de toutes pièces par les principaux acteurs de la filière, dont la firme Syngenta qui produit le très toxique Paraquat, interdit en Europe mais néanmoins toujours utilisé sur les palmiers.
Nous apprendrons que l’huile de palme proviendrait du Libéria. Les forêts indonésiennes et malaisiennes étant détruites à 72% il s’agit d’étendre la production à d’autres continents, en particulier à des pays moins regardants sur les conditions sociales et environnementales. Ainsi le Libéria, petit pays d’Afrique de l’Ouest, qui se relève péniblement d’une guerre fratricide de plus de dix ans, se prête-t-il à merveille aux rêves de Sime Darby et d’autres multinationales du secteur. Ruiné et endetté, cet état ne fait aucune difficulté pour concéder pas moins de 220 000 hectares à Sime Darby, pour un bail de 63 ans, et pour des plantations de palmiers essentiellement. A l’échelle de la France, cela reviendrait à remettre la surface totale de 4 ou 5 départements entre les mains d’une seule entreprise. Accords d’autant plus alarmants qu’ils s’incluent dans un objectif de 1.3 millions d’hectares plantés sur le pays. Le Libéria
possède encore 40 % d’une grande forêt équatoriale d’altitude unique au monde, qui s’étendait autrefois sur plusieurs pays dont la Sierra Léone et le Ghana, et dont il ne reste plus aujourd’hui que 12 %.
Création d’emplois/destruction des ressources
Sime Darby promet 3.1 milliards de dollars d’investissement mais, si nous avons une idée de ce qui reviendra aux actionnaires, la part qui reviendra effectivement au pays semble moins garantie. En revanche, nous savons plus sûrement que le salaire des ouvriers est inférieur à deux euros cinquante par jour...
20 000 de ces glorieux emplois sont promis... mais combien de ressources seront-elles détruites au détriment des populations locales ? Un rapport du Mouvement Mondial pour les Forêts Tropicales de décembre 2010 nous apprend que lâhuile de palme traditionnelle récoltée sur les arbres sauvages de la forêt ou cultivés traditionnellement en agro-forêsterie, procure un travail à 220 000 familles libériennes. Cette huile de palme fabriquée localement risque de disparaitre du marché local à cause dâune concurrence avec lâhuile de palme industrielle vendue à très bas prix, mais aussi parce que ces sociétés (les multinationales, qui sont au nombre de quatre au Libéria) détruisent peu à peu la ressource locale en palmiers sauvages en les faisant disparaître sous leurs bulldozers. Nous prenons aussi connaissance peu à peu de lâenjeu culturel pour les peuples autochtones : de fait, la destruction des ressources naturelles ne se contente pas de détruire lâ
espace nécessaire à la survie même de ces peuples, mais entraîne également la destruction de leurs lieux de cultes.
Cependant, dès janvier 2011, des manifestations auront lieu dans la région de Cape Mountain où sont réalisées les premières plantations, dans 27 villages qui protestent contre la pollution de l’eau, le non respect du droit des travailleurs et des droits coutumiers. L’association Green Advocates International annonce un dépôt de plainte en juillet 2011 pour occupation illégale de terre et profanation de tombes, et demande le respect du droit coutumier.
Ainsi la lutte contre une usine d’huile de palme en France rejoint-elle le combat mené par d’autres contre l’accaparement de terre à travers le monde.
Mais comment sommes nous tombés dans l’huile de palme ?
Pourquoi nous faut-il en France et en Europe autant d’huile de palme ?
Nous constatons que l’huile de palme se retrouve dans des milliers de produits de notre alimentation alors qu’il n’en était pratiquement rien il y a 20 ans. Au cours des vingt dernières années, la consommation d’huile de palme a grimpé de 8.5 % par an, et ce lipide est devenu le plus consommé au monde, dépassant même le fameux soja. Pourtant sa qualité alimentaire est des plus critiquée puisqu’il contient environ 51 % d’acides gras saturés néfastes à la santé .
Le premier importateur est l ‘Europe... pourtant l’Union Européenne (UE) était autrefois exportatrice de protéagineux, essentiellement colza et tournesol. Entre 1999 et 2009, sa consommation d’huile végétale va doubler, passant de 11 millions à 22 millions de tonnes, l’UE va de ce fait devenir importatrice nette, jusqu’à se trouver aujourd’hui dans l’obligation d’importer plus de 3.5 millions de tonnes d’huile de palme, la moins chère des huiles sur le marché.
Les Européens seraient ils tombés soudainement dans une boulimie frénétique de chips, de barres chocolatées, de gâteaux secs ?
A vrai dire... les 90 % de cette augmentation de consommation s’expliquent par les agro-carburants.
Où NO-PALME découvre le dossier des agro-carburants
Sime Darby souhaite nous rassurer, en affirmant que l’huile de palme raffinée dans l’Aude ne sera pas destinée à la production d’agro-carburants...
Pourtant 30% de l’huile de palme produite dans le monde après désestérification partent dans les moteurs. Le mutisme des élus sur cette question ne change rien au fond du problème .
Pour comprendre cette augmentation soudaine des besoins en huile de palme en Europe, il faut savoir que l’ UE a pris en 1999 une décision très lourde de conséquence, contentant les lobbies agro-alimentaires et pétroliers : l’incorporation obligatoire de 10% d’agro-carburants dans les carburants destinés au transport d’ici 2020. Pour accompagner cette décision une politique de détaxation sur les agro-carburants est adoptée par l’UE ainsi que d’autres incitations destinées à augmenter la production de colza et de tournesol, mais surtout à changer leur destination : détournés de leur vocation alimentaire, ceux-ci doivent désormais nourrir nos moteurs.
La France a joué un rôle important dans cette initiative grâce aux fortes pressions de son lobby agricole : le président actuel du syndicat agricole FNSEA n’est autre que celui de SOFIPROTEOL, producteur du fameux DIESTER. La France n’est d’ailleurs pas en reste sur l’accomplissement de cette directive européenne, pour une fois elle est même première de la classe, devançant les objectifs : nous avons roulé en 2010 avec 7.7 % d’agro-carburants dans notre diesel !
Ce qui n’est pas dit, c’est que cette politique de substitution du pétrole par le colza et le tournesol coûte actuellement environ 360 euros par tonne substituée. Les seuls besoins de la France en matière de transport s’élevant à 50 millions de tonne de pétrole (TEP), substituer 10 % d’agro-carburant reviendra à... plus de 2 milliards d’euros par an pour la France. La question est donc posée du bon usage des fonds publics pour une politique énergétique responsable.
Pour répondre à la demande européenne en agro-carburants, on estime qu’il faudrait 15 millions d’hectares supplémentaires, lesquels s’ajouteront aux 32 millions d’hectares déjà nécessaires à l’extérieur de l’Europe pour ses importations.
De l’huile de palme à Port la Nouvelle... à la famine dans le monde.
No-Palme s’oppose donc à cette politique de l’UE, appuyée avec complaisance par nos élus régionaux et locaux. (Seul, le conseiller général vert de l’Aude , Stéphane Linou, s’est très clairement prononcé contre ce projet).
Nous avons avec ce qui précède fait la démonstration que les importations massives d’huile de palme par l’Union Européenne sont très directement liées à la politique énergétique de la France .
Les conséquences ne sont pas seulement locales mais aussi internationales, elles contribuent à aggraver de façon dramatique les tensions qui existent déjà sur les marchés de l’alimentation.
L’exemple de l’Ethiopie doit nous alerter sur les paradoxes d’un pays qui exporte des agro-carburants depuis la vallée de l’Omo alors qu’au même moment la famine touche 700 000 Ethiopiens !
Le Libéria lui-même n’est pas à l’abri d’une famine : il importe actuellement 80% de ses aliments de base, la production de riz a chuté de 76 % entre 1987 et 2005 dans un pays où le revenu par habitant est de 150 dollars par habitant et par an, nous imaginons la vulnérabilité de ce pays .
Rappelons que les émeutes de la faim en 2008 en différents pays ont été consécutives à une augmentation importante du prix des céréales et en particulier du maïs utilisé désormais massivement pour la production d’éthanol utilisé dans les carburants aux USA.
L’UE prend donc une direction extrêmement dangereuse pour la planète entière, notre responsabilité est engagée.
Une autre politique est possible
No-Palme en appelle donc à l’abandon de ce projet, aussi bien à Port la Nouvelle que dans tout autre port méditerranéen
En lieu et place, nous proposons une politique d’économies d’énergie par le développement des transports en commun et du transport maritime de courte distance intra-méditerranéen pour dégager les axes routiers : ce dernier pourrait intéresser en premier lieu Port la Nouvelle.
Nous réclamons par ailleurs la relocalisation des productions agricoles (Le Languedoc Roussillon a perdu plus d’un quart de ses fermes en 7 ans ! Dix mille emplois perdus dans l’agriculture de cette région entre 2000 et 2007, qui dit mieux ? Et pourtant notre région naguère autonome ne produit aujourd’hui que la moitié de ses besoins en céréales, le tiers de ses oléagineux et il faudrait 6 fois plus de protéagineux pour éviter les importations de soja OGM d’Argentine et du Brésil.
Ce ne sont pas les terres qui manquent, 38 000 hectares de vigne ont été arrachés, les terres en friche ne se comptent plus, pour réduire aussi bien le chômage que le transport des matières sur des milliers de km.
Nous demandons l’affectation des fonds publics pour redynamiser la région en phase avec les besoins réels de la société et dans le respect de l’environnement.
* Un groupe local s’est aussi créé à Port la Nouvelle, sa vocation première est d’informer la population sur le projet de raffinerie : à la manière des Indignés ils ont occupé symboliquement la plage et sont allés au-devant des passants les 2 et 3 septembre derniers.
CONTACT : nopalme.pln a gmail.com
-La pétition en ligne
* Pour en savoir plus :
Le site du collectif No Palme
Arnaud Montebourg soutient le collectif
Un reportage sur Le Monde (blog)
La position de Robert Navarro
* Le reportage photo a été réalisé par Culture et Tic
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