<html>
<head>
<meta http-equiv="content-type" content="text/html; charset=ISO-8859-1">
</head>
<body text="#000000" bgcolor="#FFFFFF">
<br>
<div class="moz-forward-container">
<meta http-equiv="content-type" content="text/html;
charset=ISO-8859-1">
<h1 itemprop="headline"><span>Menace nucléaire: l’immobilisme des
Etats dénoncé par la société civile</span> </h1>
<p class="lead" itemprop="description">Les Etats parties au Traité
de non-prolifération nucléaire sont réunis jusqu’au 4 mai au
Palais des Nations à Genève. Face au risque croissant de conflit
nucléaire, les ONG montent au créneau. Témoignage poignant d’une
survivante d’Hiroshima<br>
</p>
<div class="body_content" itemprop="articleBody">
<div>
<p>Au Palais des Nations à Genève, où se tient depuis lundi
une réunion préparatoire de la Conférence d’examen du Traité
de non-prolifération nucléaire (TNP) prévue en 2020, les
délégations des Etats parties au TNP peinent à cacher les
tensions et les risques de déflagration nucléaire. Or force
est de le constater: en dépit de l’obligation de réduire
leurs arsenaux atomiques en vertu de l’article VI du TNP,
les puissances nucléaires reconnues sont plutôt en phase de
les moderniser à coups de milliards. Loin de la bipolarité
de la guerre froide, le risque de prolifération n’a jamais
été aussi prononcé.</p>
<p style="">Une foule d’ONG sont venues à Genève pour dénoncer
l’immobilisme des acteurs étatiques. Ce clash entre des
Etats et la société civile n’aurait pas pu être plus
manifeste qu’à Genève, ville de paix abritant la Conférence
du désarmement. A l’image de la Campagne pour l’abolition
des armes nucléaires (ICAN), la coalition d’ONG basée à
Genève qui a décroché le Prix Nobel de la Paix l’an dernier,
la société civile juge nécessaire d’agir et d’assumer ses
responsabilités pour éviter de rendre un conflit nucléaire
inéluctable.</p>
<h3>L'équilibre de la terreur</h3>
<p>Wolfgang Schlupp-Hauck, 60 ans, n’aurait manqué le
rendez-vous genevois pour rien au monde. Il a lui-même vécu
de près la notion d’équilibre de la terreur propre à la
guerre froide. Quand le chancelier Helmut Schmidt accepte
d’accueillir des missiles américains Pershing sur le sol
allemand, son sang ne fait qu’un tour. Au début des années
1980, il manifeste aux côtés de nombreux pacifistes
allemands. Il sera arrêté à trois reprises aux côtés de 3000
autres manifestants.</p>
<p>A l’ONU, il est venu avec diverses organisations pacifistes
pour présenter le Manifeste de Mutlangen, du nom de la ville
du Bade-Wurtemberg où furent déployés des Pershing sur une
base militaire. Le document exige un retrait total des armes
nucléaires d’Allemagne, un arrêt de la modernisation des
arsenaux et une abolition de l’arme atomique. «Nous n’avons
plus de missiles à Mutlangen, mais il y a encore une
vingtaine de bombes atomiques sur la base militaire de
Büchel, en Rhénanie-Palatinat. Nous continuons à faire
pression pour nous en débarrasser.»</p>
<p>S’il se félicite de constater que plus de 500 maires
allemands ont rejoint le mouvement des Maires pour la paix
(7500 villes), Wolfgang Schlupp-Hauck le reconnaît: «La
dissuasion nucléaire a échoué», dit-il. Il fustige les
autorités de son pays: «Le Bundestag était favorable en 2010
à l’élimination totale des armes nucléaires, mais le
gouvernement a finalement décidé de maintenir le parapluie
nucléaire américain. C’est schizophrénique.»</p>
<h3>Le témoignage des <em>Hibakusha</em></h3>
<p>La présence au Palais des Nations de Kodama Michiko, une
Hibakusha (survivante d’Hiroshima), n’est pas passée
inaperçue. Cette Japonaise avait 7 ans le 6 août 1945 et
était dans son école primaire quand les Etats-Unis lâchèrent
la bombe atomique sur sa ville. Rentrant sur le dos de son
père, elle a pu constater les horreurs de l’arme atomique:
«J’ai vu l’enfer sur terre. J’ai vu un homme avec sa peau
complètement brûlée qui pendait, une mère très brûlée qui
portait un bébé tellement calciné qu’il ressemblait à du
charbon.»</p>
<p>Kodama Michiko le confie au <em>Temps:</em> «Nous sommes à
un carrefour. Il faut que les puissances nucléaires changent
d’attitude. J’ai l'espoir d’assister à l’abolition des armes
nucléaires avant de mourir.» Elle ne cache pas être remontée
contre le gouvernement du Japon, qui refuse de signer le
Traité sur l’interdiction des armes nucléaires conclu à New
York en juillet 2017.</p>
<p>Au Palais des Nations, les maires d’Hiroshima et de
Nagasaki militent aussi pour l’abolition de telles armes. Le
second, Tomihisa Taue, ajoute: «Les Hibakusha sont en train
de disparaître. Nous ne pouvons oublier. Nous devons
continuer à parler fortement de l’enfer nucléaire.»</p>
<h3>«La menace du recours à l’arme nucléaire croît»</h3>
<p>Du côté des Etats, on le reconnaît: le Traité de New York,
approuvé par 122 Etats mais boycotté par les puissances
nucléaires et membres de l’OTAN (sauf les Pays-Bas), est
désormais sur la table. Il ne peut plus être disputé ou
ignoré. En 2020, le TNP sera en vigueur depuis cinquante
ans. Il demeure une composante fondamentale du régime de
non-prolifération.</p>
<p>Izumi Nakamitsu, sous-secrétaire général de l’ONU pour le
désarmement, l’a souligné lundi: «Le succès et la
crédibilité [du TNP] ne peuvent et ne doivent pas être pris
pour argent comptant. Car le monde fait face aux mêmes défis
qu’au moment où le TNP a vu le jour. La menace du recours à
l’arme nucléaire croît.» Le patron de l’ONU, Antonio
Guterres, s’adressera d’ailleurs directement à la société
civile le 24 mai à l’Université de Genève, où il tiendra un
grand discours sur le désarmement et présentera un papier
stratégique.</p>
<h3>Le TNP, un instrument central</h3>
<p>Si la Confédération évalue encore l’opportunité de ratifier
le Traité de New York, l’ambassadrice de Suisse auprès de la
Conférence du désarmement, Sabrina Dallafior, rappelle: «Le
TNP est un instrument central de l’architecture globale de
sécurité et la pierre angulaire du régime de
non-prolifération et de désarmement nucléaires. Cet
instrument a grandement contribué à prévenir une large
prolifération de l’arme nucléaire, et par là à la sécurité
globale; 185 Etats se sont engagés au titre du TNP à ne pas
chercher à développer ou acquérir de telles armes. Si le
traité légitime la possession de l’arme nucléaire par cinq
Etats (Chine, France, Grande-Bretagne, Russie, Etats-Unis),
il les engage cependant à œuvrer de bonne foi sur la voie du
désarmement. Il s’agit là de la seule obligation
juridiquement contraignante relative au désarmement
nucléaire.»<br>
</p>
<p><span itemscope="" itemtype="http://schema.org/Person"
itemprop="author"> <a moz-do-not-send="true" rel="author"
itemprop="sameAs"
href="https://www.letemps.ch/auteur/146"
class="article-author"><span itemprop="name">Stéphane
Bussard</span></a><br>
</span> Publié mercredi 25 avril 2018<br>
<a moz-do-not-send="true" class="moz-txt-link-freetext"
href="https://www.letemps.ch/monde/menace-nucleaire-limmobilisme-etats-denonce-societe-civile?utm_source=Newsletters&utm_campaign=5d900c331c-newsletter_briefing&utm_medium=email&utm_term=0_56c41a402e-5d900c331c-109473233">https://www.letemps.ch/monde/menace-nucleaire-limmobilisme-etats-denonce-societe-civile?utm_source=Newsletters&utm_campaign=5d900c331c-newsletter_briefing&utm_medium=email&utm_term=0_56c41a402e-5d900c331c-109473233</a><br>
<br>
</p>
</div>
</div>
</div>
</body>
</html>