[Redcercana] texto de Fred Vargas - la madre tierra y la 3 revolución

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Sab Abr 9 21:49:30 CEST 2011


Enviado por la Red francofona de MdN
Para las que saben leer francés este  texto de Fred Vargas  escritora
francesa - más bien de novelas policiacas - comprometida con la ecologia -
muy potente la tercera revolución de nuestra madre tierra.
he intentado la traducción google, es demasiado mala y mutiladora.no tengo
tiempo de revisarla (a ver si alguien se anima)
En relación con el hecho que estamos "dans le mur, au bord du gouffre"
estamos en el muro al borde del abismo segun F Vargas , mi madre Mouky me
decia "no estamos  al borde de la catastrofe estamos de lleno en ella pero
no queremos verlo".
Un beso mireya



Nous y sommes par Fred Vargas


 <http://www.project-eure.net/wp-content/uploads/2011/04/fred-vargas.jpeg> «
Nous y voilà, nous y sommes.
Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de
l’incurie de l’humanité, nous y sommes.
Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio,
qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal.
Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités
d’insouciance, nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un
quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons
construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos
fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les
mines, nous avons mangé des fraises du bout du monde, nous avons voyagé en
tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui
clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert,
acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est
bien amusés.
> On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire
fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la
terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes,
faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni
connu.
Franchement on s’est marrés. Franchement on a bien profité.
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de
sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de
terre.
Certes. Mais nous y sommes.
A la Troisième Révolution.
Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique
et la Révolution industrielle, pour mémoire), qu’on ne l’a pas choisie.
«On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ?» demanderont quelques
esprits réticents et chagrins.
Oui.
On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre
avis. C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement
laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée,
souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d’uranium,
d’air, d’eau. Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez
avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront,
car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse).
Sauvez-moi ou crevez avec moi

Évidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute
illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux.
D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore
avec la croissance.
Peine perdue.
Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais.
Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture,
figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à
la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas
sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la
marine à voile, laisser le charbon là où il est, – attention, ne nous
laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille -
récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a
plus, on a tout pris dans les mines, on s’est quand même bien marrés).
S’efforcer.
Réfléchir, même.
Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.
Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde.
Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.
Pas d’échappatoire, allons-y.
Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont
fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n’empêche
en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible.
A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour
de la barbarie – une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus
aboutie peut-être. -
A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.
A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.
»

Fred Vargas
Archéologue et écrivain





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